Posté le 1er mars 2021
Auteur : Yohann Goyat |
Valentin Proult est le réalisateur de la série-documentaire « Hochelaga à ciel ouvert ». Un projet en collaboration avec La Table de Quartier Hochelaga-Maisonneuve, mettant en lumière dix-neuf portraits de celles et ceux qui ont vécu l'épisode estival 2020 du « campement Notre-Dame ». Si les médias ont abordé le sujet sans pour autant les écouter, Valentin, lui, à tenu à les rencontrer et leur donner la parole. Certains d'entre eux côtoient la rue depuis de nombreuses années quand d'autres y sont depuis hier, victimes collatérales de la crise du logement. Au travers de sa série de portraits, Valentin souhaite allumer les consciences et redonner une voix à ces gens trop souvent mal vus.
Fin août 2020, quand la Table de Quartier Hochelaga-Maisonneuve (LTQHM) l'a approché afin de collaborer ensemble à ce projet, Valentin a embarqué de suite. « Ces histoires ont vraiment piquées ma curiosité, j’avais vraiment envie de les découvrir pour comprendre un peu plus, que de simplement juger », raconte-t-il. Celui qui pourtant passe le plus clair de son temps en nature, à trouver là aussi un lien avec la celle-ci : Celui de l’homme dans la jungle sauvage de la ville. « C’est bien plus hostile ici » dit-t-il avec fermeté, comparant ce projet avec ceux qu’ils est allé tourner en Amazonie ou au fin fond de l’Asie centrale. Gagner la confiance des résidents
Le sujet de l'itinérance est toujours sensible à tous points de vue. Les avis divergent et l'idée que l'on peut se faire de ces gens de la rue est bien souvent infondée. Valentin Proult a voulu casser ces préjugés et parler de ses vies auxquelles on ne prête quasiment pas attention, ou si peu. Pour cela il a du gagner la confiance des uns et des autres : « c'est au premier contact que tu gagnes ou non la confiance des gens dans la vie. Il ne s'agît pas d'imposer ce que tu as à dire, mais plutôt d’écouter pour échanger et avec le temps, la confiance grandit », relate-t-il. L'empathie est l'humanisme dont Valentin fait preuve lui ont valu d'échanger avec beaucoup de résidents du campement et d'en tirer des portraits bien souvent très touchant. « C'est un intérêt personnel avant tout de connaître ces gens » reconnaît-il. Son approche est pourtant toute simple et basée principalement sur l'écoute. Capter l'émotion Derrière ces portraits se cachent aussi une manière bien à lui de faire passer les émotions. « J’aime les gens, alors les gens me le rendent bien, c’est chimique », dit-il avec beaucoup d'humilité. Sa réalisation nous frappe d’émotions grâce au plan fixes, cadré serré sur le personnage. « Un plan fixe en 16:9 sur un visage peut être fort émotionnellement. Le regard fixe face caméra pendant une minute, ça vient te chercher. C'est comme s'ils te regardaient aussi » dit-il. Mais au-delà des sentiments captés à travers la lentille de sa caméra, Valentin veut faire ressentir toute l'humanité qu'incarne ces résidents. « Ce sont des gens comme toi et moi. Tous les personnages que j'ai rencontrés ont un lourd passé, brisés pour la plupart à l’enfance. Ce sont des survivants de la société occidentale qui ont souvent besoin de parler. Je leur posais une première question et c’était fou de voir à quel point ils s’occupaient du reste. » L'émotion prend parfois le dessus et même derrière sa caméra Valentin s'est laissé prendre par les sentiments : « C’était prenant, chaque journée de tournage était pleine d’émotions. Je n’ai pas toujours très bien dormi mes nuits dans mon lit au chaud. Parfois la vie est injuste, tout le monde mérite au moins un toit. » Prise de conscience collective
Ces portraits ont pour but de donner un nouveau regard sur ces gens qui parsèment le paysage urbain et de faire changer les mentalités. « Je veux que ça pousse à la réflexion et allumer certaines consciences. Ces gens méritent d’être aidé, ou au moins considérés par les citoyens, un sourire, un geste de sympathie ça met du soleil dans les cœurs. » dit-il avec aplomb. Celui qui se bat pour un monde meilleur et un avenir plus juste pour tout le monde, à rencontrer plus d'une trentaine d'itinérants mais aussi des responsables d'organisations venus en aide à l'instar de Guylain dans sa roulote, le Refuge Cap Care et CARE Montréal, L’Anonyme, Dopamine, ou encore Le pirate vert. Mais malgré tout le constat est le même : « Il n'y a pas assez d'aides ne serait-ce que pour l’aspect logement. On a les moyens de faire plus mais les décideurs ne bougent que le petit doigt », déplore-t-il. Valentin met en avant aussi l'importance du travail des organisations, dont certains des responsables aussi ont eu droit à un portrait. Grâce à eux, certains des résidents du « campement Notre-Dame » on trouvé un logement à l'image de Jacques, Maxime ou encore Bianca en attente d'une réponse. « Hochelaga à ciel ouvert » a pour but de sensibiliser les consciences et de mettre en lumière, à travers ces dix-neuf portraits, la solidarité, la diversité de la population et les initiatives communautaires et citoyennes dans le quartier Hochelaga Maisonneuve. Une série documentaire poignante dont le style ne laisse pas insensible. Valentin Proult réussit avec beaucoup de bienveillance à donner une autre image de ces personnes qui méritent plus que jamais une écoute attentionnée. |
En partenariat avec :
L'Anonyme, Regroupement des Auberges du coeur du Québec, CARE Montreal, CAP St-Barnabé, Dopamine, Entraide Logement Hochelaga-Maisonneuve, La Marie Debout, Le Pirate Vert - The Food Pirate, CLSC de Hochelaga-Maisonneuve et Femmes Relais Hochelaga-Maisonneuve. Une production de LAY Production Retrouvez les 19 portraits en vidéo sur la page facebook officielle de Hochelaga à ciel ouvert Pour faire un don ou pour vous impliquer bénévolement, renseignez-vous sur https://www.ltqhm.org/.../rui.../hochelaga-ciel-ouvert |